Célébré en novembre, Saint-Hubert n'en voudra pas à Bernard, que l'on a plaisir à retrouver aujourd'hui avec un poème dédié à une passion qui ne faiblit pas.
La chasse à la bécasse
Le temps s’est mis au froid en cette fin d’automne vieillissant,
et déjà le chasseur piaffant d’impatience espère cet instant,
où dame bécasse délaissant le grand froid de sa région natale
revient chaque année pour nous faire rêver dans le froid matinal.
Le chien lui aussi excité jappe du fond de son chenil,
car il a compris en voyant son maître préparer le fusil,
que le bel oiseau roux, le bel oiseau unique
est bien revenu pour nous faire passer des moments magiques.
Quelques miroirs dans la prairie trahissent leur présence,
mais elles sont là-bas, dans le taillis, cachées sous les branches,
se moquant du bruit de la clochette, elles restent immobiles
et avec leur plumage couleur de feuille morte, les voilà invisibles.
Ils savent qu’elles sont là, chaque année à la même place,
et de suite le setter prend le devant à la recherche d’une trace,
la tête bien dans le vent pour retrouver cette odeur sauvage
qui les fait fantasmer tous les deux comme deux enfants sages.
Le clocheton s’est tu, vite pressons le pas, le chien est à l’arrêt,
et la patte dressée, il fixe cet oiseau dans le petit bosquet,
mais la rusée bécasse s’est déjà déplacée laissant la place chaude
pour perturber le chien et tromper le chasseur, pas nigaude.
Ce chien est un teigneux et après des détours, il le retrouve ensuite,
mais l’oiseau au long bec a compris et prépare sa fuite,
et derrière un tronc d’arbre puissamment il s’envole en chandelle,
alors le pauvre chasseur surpris ne voit que des étincelles.
La bécasse est un trésor fragile, avec ses mystères et ses secrets,
et bien souvent, on ne fait que l’entrevoir, la deviner ou l’imaginer,
et si après un joli tir le chien vous ramène la belle mordorée
en la prenant dans votre main, vous la contemplerez avec fierté.
Bernard Cnocquart